Dieu qu’il est gentil

Le 20 Août 1917 – 20 heures

Mon petit chéri,

Monsieur Sevette m’a dit ce soir que si tu venais à Paris pour 48 heures, il viendrait me chercher avec toi en auto. Donc si tu ne pouvais aller au Mêle, tu pourrais venir à Paris. Je crois même que cela serait beaucoup plus court puisque par le train, il faut 10 heures. Nous aurions aussi plus de temps à passer ensemble. C’est pour cela que je te récris ce mot tout de suite. Tantôt, je suis arrivée chez toi à 4 heure½, j’ai goûté et je n’ai presque pas eu le temps de t’écrire.

Comme je te disais, je ne savais que dire à tes parents. Je n’osais leur dire que tu avais l’intention d’aller là-bas. J’avais peur qu’ils trouvent cela mal. J’ai dit : “Comme Lucien est au repos, il pense pouvoir venir 48 heures, mais ce n’est pas sûr.” Aussi j’ai ajouté : “C’est embêtant s’il vient à Paris et que je ne suis pas là.” Le soir en me reconduisant, Monsieur Sevette m’a dit : “Ne pleurez pas, si votre Lucien vient à Paris, je vous le conduirais aussitôt son arrivée là-bas, et vous nous ramènerions à Paris. A près, lorsqu’il sera parti, vous retournerez là-bas.”

Dieu qu’il est gentil. Je crois que si ma lettre arrive à temps, que cela te plaira et que tu viendras directement chez toi. Mais j’ai bien peur que ma lettre arrive trop tard. En auto, on doit mettre peu de temps, il n’y a que 186 kilomètres. Surtout qu’elle marche très très bien depuis qu’on l’a démonté. Je compte 3h, 3h½. Cela fait du 70 à l’heure. Si cela réussissait, Dieu que je serais contente. Cela me remettrait complètement. Mon petit chéri, espérons que nous aurons ce bonheur.

La famille Sevette en voiture

Je pars demain matin, aussi comme il faut que je me lève tôt, 6 heures, je vais aller me coucher tout de suite, en rêvant à notre promenade en auto et des bons moments à passer ensemble.

Reçois petit Loul Adoré les plus câlins baisers de ta gosse,

Mino

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