Le 8 Août 1917

Mon petit coco chéri,

J’ai reçu ce matin ta longue lettre du 6. Voilà que je te fais payer des amandes maintenant et un peu plus, je te privais de dîner. Je crois que je suis une vrai gâtée. Maintenant, tant qu’à dire qu’à ta place j’aurais fait mon devoir, certainement, mais je serais loin d’avoir ton courage. Toi, tu es tellement modeste que tu trouves ça tout naturel. Moi, je trouve ça superbe. D’ailleurs, tout le monde est de mon avis sur ton courage et on trouve qu’au moins toi, c’est bien mérité.

Ton mécano travaille bien ! Si c’est comme ça qu’il met ton moteur en marche ! Tous mes compliments ! Tous mes compliments aussi pour la résistance de sa tête. On peut dire qu’il a la tête dure. Casser une hélice !

Je m’énerve !!! C’est très étonnant de ma part. La femme de ménage est derrière mon dos qui attend que j’aie fini pour faire la salle à manger. Quelle barbe ! Je suis polie, excuse moi ; même pas écrire tranquille.

Ce matin, j’avais Paulette. Cette demoiselle est fort remuante, aussi, impossible d’écrire.

Enfin, je suis obligée de te quitter, je serai plus bavarde demain.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loul Aimé les plus tendres baisers de celle qui ne pense qu’à toi,

Mino