C’est terrible !

Le 3 Août 1917

Mon petit Lou chéri,

Je viens de recevoir ta gentille lettre du 1 qui a été accueillie par bien des larmes. Mon petit chéri, je suis désolée d’apprendre que tu ne viendras qu’au mois d’octobre. Tu ne peux t’imaginer la mauvaise surprise que cette nouvelle vient de me causer. J’étais à cent lieues de supposer que tu viendrais dans tant de temps. Je savais bien que tu ne viendrais pas tout de suite, mais de là à aller chercher le mois d’octobre, je n’y songeais pas du tout. J’espérais pour la fin du mois, ou le commencement de l’autre. C’est terrible ce que tu me dis là !!! Rester encore 2 mois sans te voir. Je n’ose y penser, ou plutôt j’y pense de trop.

03-08-17

 

J’aurais reçu un pot de fleurs sur la tête dans la rue que je serais restée moins étonnée que d’apprendre cette nouvelle. Encore 2 mois et celui qui vient de s’écouler (combien longuement) et ça fera 3 mois. J’en reste stupéfaite à cette pensée. Tu me verrais en ce moment, tu ne me reconnaîtrais pas tant j’ai l’air abruti. Encore deux mois, cela représente bien des heures de tristesse et Dieu sait si depuis un mois j’en ai passé. Que de patience il va me falloir. Ah ! mes pauvres nerfs, qu’est-ce qu’ils vont prendre !!! Et quand je pense que mon père va reprendre des vacances au mois de Septembre……

Enfin, j’en aurai. Je te promets d’être courageuse malgré tout. Je tâcherai de t’imiter. Et je crois qu’après ça, je n’aurai pas volé la permission de 10 jours. Je vais me plonger dans le travail jusqu’au cou. Comme cela, j’espère un tout petit peu moins penser à notre si longue séparation.

Avec ça, le temps s’en mêle. Il fait très froid, la pluie ne cesse pas et les feuilles des arbres commencent à tomber. J’ai été obligée de ressortir des affaires d’hiver tant j’avais froid. On ne se croirait pas au mois d’Août ! Je comprends que d’un temps pareil, tu ne puisses par sortir. Pauvre Loul, comme tu dois t’ennuyer et comme le temps doit te paraître encore plus long. Enfin, espérons qu’une heureuse occasion te permettra de faire un petit tour à Paris.

En espérant que ta santé est toujours bonne, je t’envoie mon adoré les plus douces caresses de ta gosse qui ne sait plus vivre loin de toi,

Mino

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