Ah ! la mer…

Le 13 Juillet 1917

Mon Loul aimé,

Hier soir, grande joie ! J’ai reçu ta gentille lettre du 10 avec la photo pour ma bague. Je te remercie beaucoup d’y avoir pensé, cela m’a fait grand plaisir. Bien qu’elle soit un peu noire, elle remplacera l’autre avantageusement.

Quel voyage !!! D’après ce que tu me dis, tu devais être bien fatigué en arrivant à la C4 ! Heureusement que tu avais pris quelques cerises avant ton départ, sans quoi tu serais mort de faim !!!!!!!! Sérieusement, tu devais commencer à avoir l’estomac dans les talons à 3 heures ?

J’ai bien ri en apprenant que ton lieutenant allait instruire les Américains !!! Il y a à peine deux matins qu’il sait conduire un coucou et il se charge déjà d’apprendre aux autres !!!!!! Ça me fait penser que demain, nous allons avoir 150 avions au dessus de Paris. Ça sera joliment chic ! Ça le serait d’avantage si tu y étais. Il est vrai que dans la quantité, il serait impossible de te reconnaître. Mais une fois la revue passée, tu serais libre. Enfin, il ne faut pas être trop exigeante !

Comme je te l’ai dit, j’ai été dire au revoir à Marie-Louise hier. Je l’ai vu bien peu de temps. Elle avait beaucoup de courses à faire, aussi elle m’a quitté presque tout de suite. Elle m’a bien recommandé de faire tout mon possible pour venir la retrouver. Je n’ai rien promis, car ce n’est pas moi qui dispose. Elle m’a promis de m’envoyer de longues tartines et bientôt.

Si elle, elle était contente de partir, il n’en était pas de même de sa mère. La brave femme était dans un déménagement quand je suis arrivée, effrayant. Elle m’a reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Rien que de faire une malle, elle est affolée ! Enfin, maintenant le plus gros est fait. L’heure du départ approche et elle sera aussi très contente lorsque demain matin à la descente du train elle verra la mer. Marie-Louise était comme une gosse hier. Elle ne faisait que répéter : “Enfin, je vais voir la mer, je vais la revoir cette chère mer que j’aime tant. Ah ! la mer, Germaine ! C’est vraiment épatant !!!” (surtout pour les gens qui restent à Paris). Quelle gosse !

A part ça rien à te dire.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon petit Coco adoré une foule de tendres baisers de ta sale gosse qui ne pense qu’à toi,

Mino

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