Le 30 Juillet 1917

Mon petit Coco chéri,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 27. J’accepte la “rouspétance” bien que ce que j’ai dit soit vrai. D’ailleurs tout le monde qui te connait et que je connais est d’accord avec moi pour dire que tu es la modestie même. Qu’en dis-tu maintenant chéri ??? On me l’a encore dit avant-hier, c’est pas vieux !!!

Une bonne nouvelle à t’annoncer et que tu connais peut-être avant moi : les permissions sont de 10 jours maintenant, mais à partir du 1er octobre seulement. C’est dommage, car j’espère bien que tu en auras une avant cette date. Je fais mieux que de l’espérer. J’y compte même. Aussi tu aurais pu profiter de la prolongation si c’était entré en vigueur tout de suite. Enfin, ça ne fait rien, cela m’a quand même fait grand plaisir, 10 jours, cela va être encore plus chic que 7 jours.

Sept jours, je trouve ça trop court, le 4e jour, on pense déjà qu’il va falloir se séparer. Tandis que là, on n’y pensera que le 7e et ça sera épatant. Vite, une permission comme ça, malgré tout, je demande aussi vite une permission de 7 jours.

Mon père ne trouve pas cette prolongation à son goût. Nous ne lui demandons pas son goût !!! Il m’a dit ça hier. D’abord je rentrais tout joyeuse avec la Liberté, où j’avais lu cette nouvelle et j’annonce la cause de ma joie. Là-dessus, il dit : “C’est pas signe que la guerre finira bientôt pour donner de si longues permissions. C’est pour faire patienter.” Il aurait pu garder son opinion, moi qui était toute joyeuse, j’étais toute triste après. En ce moment, on dirait qu’il fait exprès de me répéter que la guerre est loin d’être terminée. Il s’imagine peut-être que je n’y pense pas assez. Il ne peut s’imaginer la peine qu’il me fait en disant ça. Il a du s’en apercevoir, c’est pour ça qu’il le répète. Enfin, moi je suis contente pour les permissions, c’est tout ce qu’il faut.

Là-dessus, je te quitte Loul aimé, car je suis un peu en retard pour le courrier. Reçois de ta grande gosse qui t’adore des millions de doux baisers,

Mino