Matinée au profit des artistes

Le 11 Juin 1917

Petit Lou Aimé,

Je n’ai pas eu de nouvelle hier, ce matin non plus. J’espère que ce soir je serai plus heureuse. Je ne sais si cela vient de là, mais j’ai un peu le cafard. Ça tient aussi d’un bouquin que Marie-Louise m’a prêté hier. Cette histoire fait voir tout en noir. Je l’ai lu dans ma soirée et fini ce matin. Aussi je suis encore sous l’impression. Je vais sortir, cela va me changer les idées. Je vais aller chiffonner à l’exposition de soieries du Printemps.

Après demain, je crois que j’irai à l’Opéra. Il y a une matinée au profit des artistes. Je crois t’en avoir parlé la dernière fois que je t’ai vu. Je t’avais dit que Marie-Louise m’avait demandé si je ne connaissais pas des gens riches pour lui prendre des billets et je t’avais dit le modeste prix de chaque place. Et bien Espierre a pris deux places qu’il a mis à la disposition de Marie-Louise. Aussi elle m’en a offert une. Ça ne me plaisait pas beaucoup, tu sais pourquoi. J’ai fini par accepter, vu que Marie-Louise danse dans deux ballets différents et que ça me fera plaisir de l’admirer. De plus, ça me fera une occasion de voir l’Opéra.

petit parisien 13-06-17

Tant qu’à m’amuser, je n’y crois pas beaucoup vu que la pièce, qui est Aïda, est chantée en italien. Je n’y comprendrai donc rien du tout. Ça sera comme au cinéma, on devine par les gestes. Ce n’est pas encore très sûr. Marie-Louise craint qu’il n’y ait plus de place. Elle doit les avoir qu’aujourd’hui et moi, je ne le saurai que demain.

En attendant impatiemment de tes nouvelles pour mon retour, je t’envoie mon mignon chéri les plus doux baisers de celle qui trouve le temps bien long loin de toi.

Mino

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