J’ai perdu un billet de 20f

Le 7 Juin 1917

Mon Lou Aimé,

Hier, je te disais que je n’étais pas en avance pour aller chez Madame Liotard. Et bien je suis arrivée à cinq heures et tout en larmes. Il m’est arrivé une aventure après t’avoir écrit, je me suis aperçue que j’avais perdu un billet de 20f en faisant mes courses.

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Aussi, j’étais bouleversée, j’ai cherché partout, je ne trouvais toujours rien. J’ai été chez tous les commerçants du quartier, sans rien retrouver. Aussi, en désespoir de cause, je me suis mise à pleurer à chaud de larmes [sic].

 

Enfin, je me suis décidée à partir chez ta tante. J’avais peur que l’on s’inquiète sur mon sort puisque j’avais promis de venir. Je suis arrivée comme je te le disais à cinq heures. Ta tante ne m’avait à peine ouvert la porte que j’ai éclaté en sanglots. Tout le monde était désolé.

Enfin, ce matin, je croyais mon billet bel et bien perdu, quand à tout hasard, j’ai demandé à ma charcutière, chez qui j’avais été hier. Elle l’avait !!! Tu penses ma joie, je l’aurais presque embrassée. C’est sa fille qui l’a trouvé en balayant. Je lui dois une fière chandelle, aussi pour la peine, je lui donnerai un petit bibelot quelconque. C’est tout de même de la veine. Tu penses que je ne me suis pas vantée de mon exploit à mon père. C’est la première fois que je perds de l’argent. Mais ça sera la dernière, car maintenant, je ferai doublement attention.

Tantôt, je vois Marie-Louise. Rendez-vous derrière l’Opéra à 2h½. Je vais lui annoncer ta petite visite, aussi je la vois d’ici.

En attendant de tes nouvelles, et en espérant que tu te portes toujours bien, je t’envoie mon coco chéri une corbeille de cerises.

Celle qui t’aime follement,

Mino

 

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