Quelle poigne !

Le 20 Juin 1917

Mon Aimé,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 17. Je m’explique pourquoi je suis restée un jour sans nouvelles, c’est à cause du déménagement. L’endroit où tu es se trouve-t-il à droite ou à gauche d’où tu étais avant ?

Hier, ma voisine de palier te trouvait fort à plaindre, voici pourquoi. Pour changer, lorsqu’elle ne peut ouvrir une bouteille, elle vient demander aide et assistance à la maison. C’est déjà arrivé une fois que tu étais là. Elle avait donc une bouteille d’eau de St Galmier qui ne voulais pas se déboucher et elle a eu recours à moi.

st galmier

J’ai eu bien du mal, mais j’y suis arrivée. Aussi a-t-elle dit à mon père le soir au balcon : “Quelle poigne a votre fille, Monsieur. Je plains fort son mari. Il faudra qu’il se tienne bien, sans quoi gare à lui !” Voilà comme on me fait des compliments ! Est-ce vrai que je suis si terrible que ça ? En tout cas, tu es fort à plaindre. Pauvre petit Loulou…….!

Mes douleurs commencent à me quitter et à part la marque de mes coups de soleil dans le cou, il n’y parait presque plus.

La dessus, je te quitte car j’ai beaucoup de travail. Je suis en train de me faire une petite robe pour le matin.

En espérant que tu te portes toujours comme un charme, je t’envoie mon Lou adoré les plus câlins baisers de ta

Mino

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