Le 17 Juin 1917

Petit Lou chéri,

J’ai reçu ta gentille lettre du 14 hier au soir. Heureusement que tu ajoutes à : “Je vais te gronder”, (pas trop fort) sans quoi j’aurais eu très peur !!!!! Je ne me suis pas couchée si tard que ça, ce jour-là. Il devait être 10h½ à peu près. Ce n’est pas tard, surtout qu’il fait si chaud en ce moment que je travaille le soir jusqu’à 11 heures. Tu vois, ça ne m’a pas privé de sommeil. Même que cela aurait été il me semble que pour mon chéri, c’est tout naturel. Toi, tu m’écris bien à des heures indues, et tu es surement plus fatigué que moi.

Mon corsage avait peut-être beaucoup de succès pour toi certains jours, mais moi, j’en étais un peu gênée, vis à vis des personnes où j’étais. Madame Sevette m’a encore dit Vendredi dernier que j’avais l’air d’être dans une position intéressante !….. J’aime mieux en avoir l’air que la chanson ! Maintenant, elle ne m’en dira certainement plus autant puisque je ne l’ai plus.

Tantôt, je vais à bicyclette. Il faut que j’aille chercher Marie-Louise chez elle. Quelle flemme !!! Elle n’a pas le courage de venir à la maison. Pourtant, ça descend tout le temps, et moi il faut que je fasse l’ascension de la butte.

J’ai déjà chaud d’avance. Qu’est-ce que ça sera ce soir. Si seulement j’avais la bonne petite surprise d’il y a quinze jours à mon retour !… Malheureusement je ne crois pas. Ça n’empêche pas que je ne serai pas tranquille toute l’après-midi.

Je te quitte pour préparer mon déjeuner.

En attendant de tes nouvelles et en espérant que tu es en bonne santé, je t’envoie mon Loul Aimé les meilleures tendresses de celle qui t’adore,

Mino