Ta Mino est truffée

Le 16 Juin 1917

Mon petit chéri,

Hier soir, je n’ai pas eu la peine de chiper ta lettre chez la pipelette. Elle attendait gentiment mon retour de chez Loulou, sous la porte. C’était celle du 13.

Mhmmm !!! Moi aussi j’aurai bien voulu aller en moto !!! J’allais dire : “Mon chéri, tu aurais du venir me chercher,” mais je relis : “J’ai fait deux ou trois kilomètres.” Pour venir jusqu’à Paris, ça aurait été bien court. Je suis contente que tu aies pu te procurer ce plaisir, cela t’a toujours distrait.

Vrai, toi qui t’était installé une belle petite chambre (que j’enviais), voilà que vous déménagez. C’est pas de chance. Enfin, si c’est pour aller où il y a moins de moustiques, j’aime mieux ça. Car je commence à craindre qu’il ne m’en reste plus de mon Loul !

Ta Mino, en ce moment est truffée. Loulou-e s’est amusée à me pincer hier, quelque chose de pépère. J’ai tellement crié que l’on aurait cru que l’on m’étranglait. Ça me fait penser que Suzanne et Loulou sont en train de loucher sur mon bracelet-montre. Elles voudraient bien avoir un poilu qui leur en paye un pareil ! Voilà ! Mais tout le monde n’a pas un Coco chéri comme moi !!! Depuis que j’ai cette montre, tout le monde se pâme dessus. Ce qui me fait doublement plaisir.

Il fait une chaleur aujourd’hui étouffante, 32 à l’ombre, tu vois ça d’ici. J’ai une envie folle de faire la trempette ! Si seulement je pouvais aller au petit bois que tu me parles. Ça me suffirait, à tous les points de vue. Ça ne te déplairait pas non plus, je crois !

En attendant, je te quitte. En espérant que ta santé est toujours bonne, je t’envoie mon Loul adoré tous les plus tendres baisers de ta petite

Mino

PS : As-tu des bonnes nouvelles de Ponchel ?

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