J’ai très bien travaillé

Le 25 Mai 1917

Mon Coco chéri,

Je me dépêche à t’écrire car j’attends Marie-Louise. Peut-être ne viendra-t-elle pas, puisque ce n’était pas sûr-sûr, mais j’aime mieux t’écrire tout de suite sans quoi après, je ne pourrais plus du tout. Nous sommes tellement bavardes. Il fait un temps magnifique, même un peu chaud, aussi je crains que cela lui fasse peur et qu’elle me laisse tomber.

Hier, j’ai très bien travaillé (je me fais des compliments). J’ai fait une petite robe d’enfant dans mon après-midi. C’est moi qui l’ai faite toute seule, en entier. Elle n’était pas mal du tout, aussi j’en suis très fière.

robe pt echo de la mode

Ce matin, j’ai fait trois chapeaux. Je les ai donné à la couturière pour qu’elle les expose chez elle. Est-ce que j’aurai la chance de les vendre ? Enfin, j’ai toujours essayé, si ça ne réussit pas, je n’aurai pas risqué grand chose.

Surtout que je les vends à des prix très abordables. Si ça marche, je verrai après à les augmenter. Il y en a un de 10f et deux de 8f. C’est pas cher ! Je n’ai pas un gros bénéfice dessus. Enfin, pour un début, il faut pas être trop gourmand.

Je ne sais si c’est d’être restée longtemps sans écrire, mais je suis incapable de tenir un porte-plume. J’ai la main qui tremble. Malheureusement, je vais avoir le temps de m’y remettre à présent. Je commence déjà à guetter le facteur. Je ne peux pas avoir de nouvelles avant demain.

J’espère que le patelin où tu es est très gentil et qu’il y a de la distraction. Comme cela, tu t’ennuieras moins et ta rentrée de permission te semblera moins dure.

En attendant une gentille missive, je t’envoie mon Lou chéri tous les plus doux baisers de celle qui ne pense qu’à toi,

Mino

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