Comme un poids de cent kilos

Le 15 Avril 1917

Petit Lou,

Pas de nouvelle aujourd’hui. Cette fois-ci, tu es peut-être parti. A moins que demain je reçoive une lettre qui aura mis six jours pour venir de Châlons.

Aujourd’hui, je suis remise de mes fatigues d’hier. J’ai dormi comme un poids de cent kilos. Depuis hier soir 10h, jusqu’à ce matin 8 heures, je n’ai fait qu’un somme. J’en avais besoin, hier, je n’en pouvais plus.

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Marie-Louise pour 2h½, je ne sais pas ce que nous allons faire, car le temps est bien mauvais. Elle va surement me raconter ce qu’on lui a dit Vendredi dernier. Pourvu que ça ne soit pas mauvais, car je vois d’ici le cafard ! Et comme moi, je ne suis pas follement gaie, ça irait pas bien.

Je trouve le temps long, c’est effrayant. Il faut dire aussi que voilà près de 20 jours que tu es parti et 20 jours pour moi, c’est presque 1 an. J’en suis toute surprise de constater que cela fait que si peu de temps, si je n’avais pas pris de calendrier, je n’aurais voulu le croire tant il me semblait que cela faisait au moins deux mois. Pourvu que les permissions ne restent pas trop longtemps supprimées !!! Mhmmm !!!

En espérant que tu es toujours en bonne santé, et que tu reçois enfin de mes nouvelles, je te quitte Lou chéri en t’embrassant bien tendrement.

Celle qui t’adore,

Mino

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