Le 24 Avril 1917

Mon petit chéri,

Aujourd’hui pas de nouvelles. Je n’ai rien à dire puisqu’hier, j’ai reçu une lettre du 19 ce qui est un grand progrès.

Hier, comme je te l’ai dit, j’ai été chez toi, c’était le dernier jour où Madame Sevette recevait. Suzanne en avait toujours après moi et a continué à me faire enrager. Loulou, elle, m’a couverte de bleus, selon son habitude. Hier, c’est tous les deux que nous avons passé à la chine. Soi-disant qu’en élevant mes mains en l’air, je faisais comme si je te disais : “Tu portes 10 cornes”, c’est tout à fait charmant. Pour mes oreilles de jeune-fille, on aurait pu taire cela !!!

Voici comment c’est venu dans la conversation. Suzanne parlait de colis, elle disait qu’après la guerre, tu ferais monter tous tes parents chacun leur tour, afin d’avoir une petite impression. Aussi, elle disait qu’elle, elle voudrait être sonnée, Loulou aussi. Moi, je n’y tenais pas du tout. Et que si ça m’arrivait, je lèverais les mains en l’air pour te faire signe. Là dessus, la petite supposition du dessus. Comme tu vois, très gentil de leur part. Aussi, j’ai poussé un Ahh !!! Je ne te dis que ça. J’ai dit à Loulou : “Pour la peine, je dirai à Lucien qu’il vous fasse faire un petit looping pépère. Comme ça, à votre tour, vous lèverez les mains en l’air.”

Pour le moment, elle se venge sur mes jambes et bras. Je suis couleur chocolat clair. Je n’ose pas lui en faire autant, ma robe serait détruire en loques.

Aujourd’hui, je viens de travailler sur le balcon. Il fait un temps superbe. J’ai même attrapé mal à la tête tant le soleil est chaud. Quand même, cela fait du bien et rend moins maussade que les vilains temps de ces jours derniers. J’espère qu’il vous favorise aussi de votre côté. J’espère également que ta santé est toujours bonne et que le vaguemestre ne vous joue plus de vilains tours.

En attendant toujours impatiemment tes gentilles lettres, je termine chéri en t’embrassant bien bien tendrement,

Mino