La glace m’a rendue verte

Le 6 Avril 1917

Mon petit Loulou,

J’ai reçu hier ta gentille lettre du 31. Juste comme je descendais en compagnie de Marie-Louise. Figure-toi que cela a rendu jalouse cette demoiselle, surtout lorsque je lui ai dit que tu pensais revenir. Elle trouve que tu abuses et que tu es trop souvent là. Elle est charmante ! Elle, ça ne fait rien, mais moi c’est exagéré. C’est bien ça l’égoïsme. On s’est disputé comme des chiffonnières. Elle m’a dit que si ça continuait, elle écrirait au ministre de la guerre. On voit qu’elle a le cafard, pourtant, je ne suis pas la cause si elle est sans nouvelle de ce cher comte, ni s’il ne pourra venir avant le mois de Juin. Enfin, malgré tout, elle te pardonne, c’est heureux.

J’ai été chercher ta plaque. Ils ont oublié d’enlever l’anneau. Je pense que ton mécano pourra te le limer. Je ne l’ai pas laissé pour si peu. Je ne sais pas ce que j’écris, aussi il faut me pardonner.

Je suis malade aujourd’hui et bien par ma faute. Je t’ai dit hier que j’étais enrhumée, et bien hier, j’ai pris une glace (Marie-Louise en mangeant une, j’ai fait comme elle).

5524-11 Aussi cela ne m’a pas fait du bien, à un tel point que Marie-Louise voulait me reconduire à la maison tant j’étais mal. J’étais devenue verte. J’ai regagné la maison je ne sais comment, j’ai cru me trouver mal dans le métro. Enfin, aussitôt rentrée, j’ai mangé un peu et je me suis couchée, sans me vanter de mon exploit. Une fois couchée, j’ai été malade quelque chose de tassé. J’ai passé une très mauvaise nuit et dame, aujourd’hui, je m’en ressens. De plus, j’attends toujours. Aussi j’ai tout pour être bien. J’ai en ce moment un mal de tête fou, aussi tu excuseras ce brouillon, je n’ai pas mes idées bien à moi.

En espérant que toi, ta santé est bonne, je t’envoie mon chéri tous les plus doux baisers de ta petite

Mino

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