Lettre remise de vive voix

Le 13 Mars 1917

Petit Lou chéri,

J’ai reçu hier deux lettres de toi, une du 9 et une du 11. Par conséquent, je ne m’inquiète plus de savoir où est passée la lettre du 9. Elle est arrivée avec un peu de retard parce qu’elle est passée par un secteur. Je ne t’ai pas écrit hier pour la bonne raison que cette lettre doit te parvenir ce soir, à moins que tu sois déjà parti. En tout cas, si tu étais parti, ma commissionnaire la mettrait à la poste. Je doute fort que tu aies quitté Bar hier, le temps était bien gris, aujourd’hui de même, aussi j’espère que tu auras ma lettre ce soir. Mlle Yvonne prend le train de midi, donc elle doit arriver vers cinq heures, si tu as reçu ma lettre où je te parlais d’elle, tout ira pour le mieux.

Je voudrais bien savoir au juste petit Lou quand tu penses avoir ta permission, car je commence à m’ennuyer, ou plutôt j’ai un petit commencement de cafard. Tu vois, voilà deux mardi qui se suivent et qui ne se ressemblent pas. Mardi dernier j’étais très gaie, tu sais pourquoi et aujourd’hui, je suis comme le temps, c’est à dire un peu sombre.

Si je savais encore quand je te reverrai, il me semble que ça irait mieux. J’ai tellement peur que ce soit reculé cette permission, que je m’en désole à l’avance. C’est stupide, mais c’est comme ça.

Je termine là mon mot car ma commissionnaire vient de venir chercher ma lettre et je ne voudrais pas la retarder.

En espérant que vous vous rencontrerez et que ma lettre te sera remise de vive voix, je te quitte mon Aimé en t’envoyant une foule de doux baisers. Celle qui trouve le temps bien long loin de toi,

Mino

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