Le 30 Mars 1917

Mon petit chéri,

J’espère que tu as fait un assez bon voyage et que le motif de ton brusque départ n’est pas trop grave.

Je ne t’ai pas écrit hier parce que je n’en avais pas le courage. J’avais le « Glos Cafal ». Je m’ennuyais tellement que j’ai été trouver Marie-Louise. Je me doutais que je ne la trouverais pas chez elle, mais ça ne fait rien, j’y ai été tout de même. Il fallait que je me déplace. La solitude me pesait de trop. A 2h, je suis partie chez Marie-Louise que je n’ai pas trouvé, elle était partie depuis le matin à St Cloud.

Heureusement, j’ai trouvé sa mère. Elle va beaucoup mieux. Elle m’a prié de l’attendre car elle devait rentrer vers les 4h. C’est ce que j’ai fait. Je me suis mise à bouquiner en l’attendant. Enfin, à 4h, elle est arrivée et j’ai pu lui causer un peu. La méchante ! Au lieu de compatir à ma peine, elle s’est moquée de moi. Soi-disant que j’avais trop de veine !!! Merci pour elle ! Ou plutôt pas de chance pour elle !!!

Aujourd’hui, je vais chez Loulou. Ça ne me dit rien du tout puisque je devais y aller avec toi, aussi je ne me décide pas à partir. De plus, je ne suis pas bien, en déjeunant, il m’a pris un drôle de malaise. J’ai cru que j’allais m’évanouir. Je ne voyais plus rien autour de moi, tout tournait. Ça m’a duré plusieurs minutes. Maintenant, c’est passé, mais j’ai fort mal à la tête. Enfin, j’espère que ce ne sera rien.

Je pense avoir un mot de toi ce soir. Je voudrais bien savoir le motif de ton rappel. Ça m’inquiète.

J’espère que tu es toujours en bonne santé et que ton voyage n’a pas été trop fatigant.

Dans cet espoir, je te quitte mon petit Lou en t’envoyant une foule de doux baisers.

Celle à qui tu manques beaucoup,

Mino