Un lit genre “Souvenir de guerre”

Le 4 Mars 1917

Petit Lou Aimé,

Tu me pardonneras de ne pas t’avoir écrit hier. J’ai été très occupée et je n’ai pas pu disposer d’une minute pour te mettre un petit mot.

Pourtant j’avais deux mignonnes lettres à répondre. Vendredi, dans ma précédente lettre, je te disais que je n’avais pas de tes nouvelles, mais que j’espérais en trouver le soir en rentrant de chez Loulou-e. J’avais raison, deux gentilles lettres m’attendaient à mon retour. Celles du 27 et 28.

Pauvre Loulou, qui a été forcé de se faire un lit. Je voudrais bien le voir. Toi qui préfère les lits de fer, ça m’étonne que tu aies fait un lit de bois. Enfin, moi qui ai un penchant pour ces derniers, tu pourrais peut-être le rapporter pour monter notre ménage. Il y a un commencement à tout. Ça serait un genre : Souvenir de guerre. Nous aurions peut-être du succès. Et tu pourrais t’établir marchand de meubles. Pauvre Aimé, il me semble que je suis en train de t’acheter. Tu sais, c’est pour rire. Tu me pardonnes ?

Ce matin, j’ai reçu ta lettre du 1er. Mhmmm. Si tu voyais la moue ! C’est toc ! Moi qui attendais la petite surprise tous les jours. Mhmmm ! Voilà 13 jours et puis maintenant tu dis peut-être plus rien. Je crois que je peux faire Mhmmm. N’est-ce pas, Lou ? Avec ça, il fait un beau soleil, aussi je lui en veux beaucoup à celui-là. Vilain soleil qui fait languir la petite Mino à son Loulou !!!

En ce moment, je crois que je vais faire languir Marie-Louise. J’ai rendez-vous avec elle à 2h½ et il est 2h20. Chacun son tour. Elle nous a fait assez attendre un certain jour, derrière l’Opéra. Suis-je méchante ! Pauvre gosse !

Je te quitte mon petit Lou, pour aller la retrouver.

En attendant de tes nouvelles et en espérant que tes vilaines ampoules ont disparues, je t’envoie mon Aimé les plus doux baisers de celle qui t’adore follement,

Mino

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