Le 23 Février 1917

Mon petit Lou adoré,

Je n’ai pas encore reçu de tes nouvelles. J’espère que tu es bien rentré. J’en attendais ce matin puisque tu m’avais dit que tu me mettrais un mot de Châlons. C’est que tu en as été empêché, voilà tout.

Depuis la bonne petite surprise, je n’ose plus m’absenter l’après-midi. Il est vrai que les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Ça ne fait rien, la semaine prochaine je reste à la maison, on ne peut pas savoir, des fois….

Enfin, j’en serais peut-être pour mes frais, mais tant pis pour moi. J’en serai quitte pour répéter bien des fois : “Mhmmm !!! Mhmmm… Mhmmm…………..!

Ce matin, devine à quelle heure où je me suis levée ? 11 heures. C’était pas mal. Il faut dire que j’ai pris une purgation qui m’a rendu salement malade, mais à présent ça va très bien, je viens de manger un chausson aux pommes et un énorme morceau de pain.

La grasse matinée de ce matin m’a fait joliment du bien. J’en avais besoin, aussi cet après-midi « ça gaze »…. Ne trouves-tu pas que cette lettre est un peu plus gaie que les précédentes ? Moi je crois que si. Depuis deux jours, j’ai un courage monstre, il est vrai que j’en ai puisé beaucoup. Je pense que ça devrait plutôt s’écrire Ahhhhh ! que Mhmmm. Qu’en penses-tu ?

Je te quitte petit Lou, car je suis pas en avance pour le courrier. En espérant qu’une gentille lettre est en route pour moi. Reçois mon amour de Lou, les plus tendres baisers de ta petite folle de…

Mino