La censure, c’est dégoutant !

Le 12 février 1917

Mon petit chéri,

Comme je le pensais hier, j’ai eu le double plaisir de recevoir 2 gentilles lettres aujourd’hui. Une ce matin du 10 et une tout de suite du 11. Cette dernière a été censurée ou plutôt contrôlée. Elle a été décachetée et recollée par une grande bande blanche portant le cachet du contrôle postal militaire. C’est dégoutant de faire pareille chose. Celui qui a lu ta lettre n’a pas du s’ennuyer. Je pensais, mes lettre te parviendraient peut-être plus vite si je te les adressais à ton hôtel ? Dis-mi ce que tu en penses ?

Je viens de m’apercevoir que tu ne me parles pas avoir reçu une lettre de moi du 6 contenant les épreuves de tes photos. L’as-tu ?

Mon pauvre chéri, je suis en colère. Figure-toi que je ne trouve plus 1 minute à moi pour t’écrire. Je suis toute la journée à m’occuper de ce maudit feu. Je ne peux rien faire avec. Tous les quarts d’heure, il faut remettre du charbon, il s’éteint constamment. Quelle scie ! J’ai tout le temps les mains au charbon, c’est gai. Sais-tu à quelle heure je fais ma toilette en ce moment ? Eh bien à quatre heure et à 6 heures, il faut recommencer à préparer le dîner. Quelle vie ! Le peu de temps que j’ai, c’est en ce moment, de 5 à 6. et le courrier part à 6h¼. Tu vois qu’il faut que je me dépêche. Je ne connaissais pas mon bonheur lorsque j’avais le gaz. Je l’apprécie que maintenant.

Mon père qui trouve que je sors de trop, c’est pas en ce moment toujours. Ça m’est tout à fait impossible.

Heureusement que j’ai été chercher tes photos hier. Aujourd’hui, je n’aurai pas eu le temps.

Je t’envoie le petit éléphant demandé. Le nouveau né est dans l’ouate et dans un berceau capitonné. Je n’ai pas trouvé de biberon assez gros, sans quoi je l’aurais joint !

En espérant que ce mot te trouvera en bonne santé, je t’envoie mon Aimé les plus douces caresses de ta petite

Mino

12-02-17

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