Toujours pas de gaz

Le 11 Février 1917

Mon chéri,

Tantôt ne sachant que faire et m’ennuyant beaucoup, j’ai été voir si tes photos étaient prêtes. C’était un prétexte pour sortir, comme c’est Dimanche, je ne voulais pas rester toute la journée en tête-à-tête. Elles ne devaient être prêtes que le 15. Enfin, je les ai tout de même eu. C’est de la chance. Je voulais te faire une surprise, je m’étais fait photographier en petit. Malheureusement je suis affreuse, enfin, je te l’envoie quand même. J’avais l’intention de me faire faire comme tes grandes mais je me trouve trop moche et cela ne m’engage pas à me faire refaire.

Je t’en envoie une de chaque. Tu me diras si c’est suffisant avec les épreuves. Sans képi, il y a la douzaine, avec il n’y en a que 3. C’est moi qui les ai fait faire pour moi. Si tu en veux encore une de ces dernières, je peux te l’envoyer, il m’en restera une pour moi.

Des petites, j’en ai une, c’est moi qui me suis servi. Si quelquefois tu en veux d’autres pour tes papiers, j’en ferai refaire. Mme Sevette m’avait dit qu’elle t’en enverrait ½ douzaine.

A part ça, toujours même situation ici, un peu améliorée, mais bien peu. Cela va un peu mieux pour la bonne raison que mon père à eu un peu de charbon à son bureau, et que je ne suis plus obligée de faire mes petits voyages et qu’il fait plus chaud à la maison. Sans quoi, toujours pas de gaz et toujours de gentilles petites choses qui me font mal au coeur. Enfin, je supporte avec patience en pensant à toi. C’est dur, mais puisqu’il n’y a rien à faire, je me résigne.

J’ai oublié de te dire qu’aujourd’hui je n’avais pas eu de tes nouvelles, pourtant ça m’a bien manqué, j’espère que demain j’aurai le plaisir de te lire longuement. Dans cet espoir, je termine mon Lou Aimé en t’envoyant les plus tendres baisers de ta petite

Mino

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