Vas-y tout de même

Le 15 Décembre 1916,

Mon petit chéri,

Je n’ai pas reçu de tes nouvelles aujourd’hui, je ne m’en étonne pas, tes lettres m’arrivent si irrégulièrement ! J’en aurai sans doute 2 ce soir ou demain matin.

Hier, j’ai vu Marie-Louise, comme je n’étais pas très gaie, elle m’a donné de mauvais conseils, que je n’écouterai pas, tu peux être certain. Je lui disais : “Tu vois, à cette heure-ci, nous serions avec Lucien, ça serait plus gai. Moi, je m’ennuie, j’ai le cafard”. A quoi elle m’a répondu “Vas-y tout de même, Lucien t’en voudra pas. Tu te cacheras”. Malgré cela, je n’ai pas été très persuadée et j’ai gardé mes bonnes résolutions.

Tu me disais l’autre jour dans une de tes lettres que tu viendrais avant de partir en escadrille. Oui, je veux bien le croire, mais si on t’envoie dans le Nord, pourquoi passerais-tu par Paris ? Moi, j’espère plutôt pour les fêtes de Noël ou du jour de l’an. On vous donnera peut-être 24 heures pour un de ces jours-là.

Tantôt, je vais dire un petit bonjour à Loulou, je ne resterai pas longtemps car il fait bien mauvais temps. C’est à peine si je vois clair pour écrire. Aussi je ne tiens pas à rentrer tard par la pluie.

En espérant avoir une gentille lettre à mon retour, je t’envoie mon Lou chéri une foule de tendres baisers de celle qui pense sans cesse à toi,

Germaine

Creative Commons License