Je suis sans doute une petite fille en sucre !

Le 9 Décembre 1916

Mon petit chéri,

Je suis bien inquiète ! Voici trois longs jours qui s’écoulent et je n’ai pas de tes nouvelles. J’espère que ta santé est toujours bonne et que ce retard est du à la poste. J’ai vu Suzanne hier. Tes parents n’ont pas plus de nouvelles que moi. Maintenant que tes lettres passent par un secteur, elle doivent subir un retard plus ou moins grand. Je me demande si tu reçois mes lettres ?

Hier, je ne t’ai pas écrit, j’ai attendu toute la journée un courrier qui n’est pas arrivé. Aujourd’hui, je m’y décide, car je ne veux pas te laisser longtemps sans nouvelles.

Tu pourrais croire que je suis toujours malade, ce que je ne veux pas puisque maintenant je me porte très bien. Je me lève comme à l’habitude et je me couche de même. Je ne me sens pas fatiguée du tout, il est vrai, comme je te l’ai déjà dit dans une précédente lettre que je ne fais rien du tout. Je suis dans un livre du matin au soir et c’est tout. Comme tu vois, c’est pas fatigant. Je dois sortir demain, mais j’ai peur que le temps m’oblige à rester à la maison. Il pleut depuis plusieurs jours.

De ce temps-là, tu dois t’ennuyer, car tu ne dois pas voler. Est-ce que ce patelin est triste ? Il ne peut pas être plus triste qu’Avord, ce dernier disais-tu était triste à mourir. Penses-tu toujours venir en permission ? J’espère que oui et bientôt.

J’espère toujours aller te voir, mais pour cela, il faudrait du beau temps, car je n’oserai pas me risquer par un temps comme aujourd’hui. D’abord mon père ne voudrait pas. L’autre jour, je ne sais plus ce que je disais. Je parlais je crois de sortir la semaine prochaine. Je me suis fait bien recevoir. Soi-disant que maintenant je ne dois plus sortir. C’est gai ! Il faut sans doute que je m’endorme comme les marmottes pour ne me réveiller qu’au printemps. Comme cela, je ne risquerais pas d’attraper froid. Je suis sans doute une petite fille en sucre !

marmotte

Je vais terminer là mon mot car je ne vois plus rien à te dire. En espérant avoir une gentille lettre ce soir. Reçois petit Lou aimé, les plus tendres baisers de celle qui pense bien à toi,

Germaine

Mon petit chéri,

Je m’étais dépêchée de t’écrire ce matin afin que mon père emporte ma lettre à 1 heure. Je reçois à l’instant tes deux lettres du 5 et 6 aussi j’ai re-déchiré mon enveloppe afin de te faire savoir que j’ai de tes nouvelles et que je ne m’inquiète plus. Ça fait rien, c’est un peu long à venir. Elles ne sont parties que le 7. C’est dégoutant de la part du vaguemestre ! Mille doux baisers de ta petite Germaine

– Tantôt, je te récrirai –

 

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