Le 12 Décembre 1916,

Petit Lou chéri,

J’ai reçu hier au soir tes deux gentilles lettres du 8 et 9. Cela m’a fait trois lettres dans ma journée, tu penses si j’étais contente ! Détail curieux, ta lettre du 8 n’était pas cachetée, la gomme était intacte. As-tu oublié de la coller, ou est-ce exprès ? En tout cas, la concierge a du se payer de la lecture à bon marché. Ça m’est égal, dans cette lettre, tu me parles de la soupe à l’oignon et que tu es mieux couvert la nuit. Ça n’a pas du l’intéresser beaucoup, moi au contraire, ça m’intéresse beaucoup de savoir que tu as moins froid. Ton camarade à l’édredon devrait rester où il est bien longtemps. Tu dis qu’il est absent. Est-il en permission des fois ? Suis-je curieuse !

Ce matin, je suis sortie pour la première fois, aussi je t’annonce cette nouvelle sensationnelle. J’ai été chez Potin. C’est pas bien loin. J’avais deux manteaux, rien que ça. Je ne risquais pas de prendre froid.

Je me dépêche de t’écrire car j’ai Suzanne et Loulou  qui doivent venir tantôt, aussi je voudrais porter ma lettre avant qu’elles arrivent.

En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé, je t’envoie mon mignon chéri des millions de baisers de celle qui t’adore,

Germaine