Quel sale métier !

Le 18 Novembre 1916

Mon Loulou chéri,

J’ai reçu ce matin ta gentille lettre du 17. Je suis heureuse de savoir que ton épreuve d’altitude se soit bien passée et que tu n’as pas trop froid, moi qui en avait si peur ! Que fais-tu après ça ? Comptes-tu rester encore longtemps ? J’espère que oui.

Cette après-midi, je viens de faire le mécano, j’ai passé ma bicyclette à la toile émeri. Tous les rayons étaient rouillés, aussi j’étais furieuse de la voir dans cet état-là, moi qui aime tant la voir brillante et propre. Ce n’était pas un petit travail. J’ai commencé à 10 heures et je viens de terminer à 4heures. J’en ai assez, surtout que ça fait mal dans le dos d’être constamment courbée. Il y a bien encore quelques rayons un peu ternes, mais ça sera pour un autre jour, j’ai une chose plus pressée à faire, puisque je dois t’écrire. J’ai mis un quart d’heure à ravoir mes mains, quel sale métier !

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Ce matin, Suzanne est venue me dire un petit bonjour et elle m’a demandé si ton épreuve s’était bien passée. Je lui ai dit que oui, puisque je venais de recevoir ta lettre.

Aujourd’hui, il a du être impossible de voler, depuis hier soir, il pleut. Il parait même qu’hier au soir, la neige a fait son apparition. Moi je n’ai rien vu. J’espère que tu es toujours en bonne santé. Dans cet espoir et dans l’attente d’une mignonne lettre, je termine mon petit chéri en t’envoyant une foule de baisers de ta petite,

Germaine

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