Heureusement que j’existe

Le 14 Novembre 1916

Petit chéri,

Je reçois à l’instant ta gentille lettre du 13 et hier en portant ta lettre à la poste, j’ai eu le plaisir de lire celle écrite à Chateauroux, ainsi que la carte. Le courrier arrive plus tard que celui d’Avord. Au lieu de 10 heures, c’est 13h1/2. Aussi maintenant que je le sais, aussitôt déjeuné, je guette le facteur à la fenêtre. Je viens de l’apercevoir, aussi je suis descendue aussitôt et j’ai eu ma mignonne lettre.IMG_1089

J’aime mieux descendre. Le courrier d’1h1/2, la concierge le monte à 4. Comme tu vois, j’aurais le temps d’attendre.

Petit méchant ! Tu as l’air de te moquer de moi en disant que je vais te faire de nombreuses recommandations. Bien sur, je sais bien que je répète toujours la même chose, mais ne suis-je pas dans mon droit ? Est-ce que tu ne m’appartiens pas ? Si, je crois, alors tu dois faire attention à toi.

Tu dis “Je serai prudent pour toi”. Ce qui veut dire que si je n’existais pas, tu ne le serais pas ! Heureusement que j’existe.

En effet, vous avez l’air d’avoir plus de travail qu’à Avord. J’en suis bien contente pour toi, de cette manière, tu t’ennuieras moins. Dis, ça serait amusant si Marcel était à Chateauroux pour faire les conférences comme il faisait à St Cyr. Je crois que tu aurais envie de rire. En ce moment, il a mieux à faire, le veinard !!!

Aujourd’hui, je suis très contente, je m’ennuie toujours un peu, mais je ne me fais plus de mauvais sang. Je suis depuis hier soir complètement rassurée. J’étais sotte de m’en faire après tout ce que tu m’avais dit. Ça m’avait tranquillisé, mais pas tant qu’aujourd’hui. Suis-je enfant !

J’espère que toi, ta santé est toujours bonne. En attendant une gentille lettre demain, je te quitte mon petit Lou chéri en t’embrassant bien bien tendrement.

Celle qui t’aime plus que tout au monde,

Germaine

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