J’ai des billets de théâtre

Le 16 Novembre 1916

Mon petit Lou chéri,

Excuse-moi de t’avoir écrit un mot si court hier. Cette Georgette aussi, pourquoi vient-elle me chercher à l’improviste ? Elle est toujours la même. J’aurai pu lui refuser mais elle n’aurait pas été très contente. Elle m’a fait trotter, je ne te dis que ça, je suis rentrée à 6 heures, après avoir fait 1 heure de métro.

C’est charmant ! Pour toi, ce n’était guère plus amusant puisqu’au lieu d’une lettre, tu as eu un petit bout de papier. Aussi aujourd’hui comme je dois sortir à 1h1/2, j’ai pris mes précautions, et je t’écris tout de suite, sans attendre le courrier qui arrive à cette heure-là. Je lirai ta lettre en m’en allant.

Tantôt, je vais avec Suzanne et Loulou en matinée, j’ai des billets pour un théâtre moins terrifiant que le Grand Guignol. Loulou ne veut pas voir des pièces dans ce genre-là. Pourtant elle qui n’a peur de rien, ça m’étonne.

Il fait aujourd’hui un temps superbe, le soleil se montre, ce qui égaie un peu. Avec ce temps-là, tu dois certainement voler.

En attendant le plaisir de lire ta gentille lettre tout à l’heure et en espérant que la mienne te trouvera en parfaite santé, je te quitte mon Lou adoré en t’envoyant mes plus doux baisers.

Celle qui pense sans cesse à toi,

Germaine

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