Aéro-Club

Le 21 Octobre 1916

Mon petit Loulou chéri,

Je suis très en colère après moi ce soir. J’ai reçu deux mignonnes lettres de toi ce matin et je n’ai pas répondu. Il y a de quoi être mécontente ! Pauvre chéri, toi qui m’écrit si régulièrement. Moi, je ne sais comme je m’arrange, je n’ai jamais de temps à moi. Ce matin lorsque j’ai reçu tes lettres, j’attendais une amie de Loulou donc je ne pouvais répondre de suite. Elle vient vers 11 heures et sans un moment après. Ensuite, je m’occupe du déjeuner et je devais aller chez le percepteur avant trois heures. J’y vais et de là, je vais faire une petite commission pour Suzanne au Louvre. J’y suis restée au moins deux heures tellement il y avait de monde. Il fallait attendre son tour à tous les rayons, aussi j’en aurais pleuré de perdre mon temps ainsi, tandis qu’il y avait ta lettre qui m’attendait.

magasin louvre

Enfin, après m’être bien énervée dans ce magasin, j’ai été faire une autre course pour Marie-Louise, rue du Quatre Décembre. Et de là, je suis rentrée à la maison en rage car l’heure du courrier était passée.

Me voilà seulement libre et il est 21 heures. C’est malheureux de n’avoir rien à faire et de ne pas avoir une minute à soi. Enfin, j’espère que tu me pardonneras, tu es si bon, mais moi je ne me pardonne pas.

Je te remercie de ta délicieuse récompense, mais vraiment, cela tombe mal aujourd’hui, je n’en mérite pas. Mon pauvre chéri qui n’aura pas de lettre pour son Dimanche ! Avec ça, que je sais que tu t’ennuies, c’est pas réussi !

Aujourd’hui, le temps a été très beau mais très froid, aussi je pense que tu as pu voler ce qui te distrait toujours un peu. Ça ne vaut pas une lettre, j’en suis sûre !

Je repense, au sujet de l’aviateur dont je t’ai parlé dernièrement. La personne dont je tiens ces renseignements est la mère de mon amie Germaine et cet aviateur lui a dit à elle-même, aussi c’est pour cela que je crois ce qu’elle m’a dit et que je t’ai communiqué la nouvelle aussitôt. Donc un an de front sans permission est loin d’être réjouissant. Je crois que tu es de mon avis ?

L’autre jour, ton père m’a montré un petit papier qui ne m’a pas fait grand plaisir. Tu ne m’avais pas dit, mon chéri, que tu avais fait une demande pour faire partie de l’Aéro-Club. Est-ce pour continuer dans le civil ? Non j’espère. Je me forge sans doute de mauvaises idées ? Je ne sais pas, je n’ai pas très bien compris à quoi peut servir ce papier. J’espère que toi tu pourras mieux me renseigner.

license

J’espère que tu es toujours en bonne santé. Moi ça va très bien. Mon père est toujours enrhumé.

Je te quitte car il se fait tard et il ne faut pas que je fasse crier mon père, puisque cela ne te ferait pas plaisir.

Bonsoir mon mignon Lou, reçois de celle qui t’adore follement des baisers bien doux,

Germaine

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