Crois-tu que ce soit plus gai au front ?

Le 17 Octobre 1916

Mon petit Lou chéri,

J’ai reçu ce matin deux gentilles lettres de toi et je vois que tu t’ennuies encore plus que moi dans ce vilain trou d’Avord. Je suis bien sûre que si j’y allais quelque temps, tu ne dirais plus la même chose et s’il était de mon pouvoir d’y aller, j’y serais depuis longtemps, car malgré que je sois à Paris entourée de mille distractions, je m’ennuie beaucoup. J’aimerais mieux être à Avord avec mon petit chéri, malgré que le pays soit si vilain que tu dis.

 

Je ne tiens pas du tout à ce que tu meures d’ennui, mais crois-tu franchement que ce soit plus gai au front ? Ça je ne le crois et je ne veux pas le croire !

Pour te désennuyer un peu, je t’envoie un petit peu de moi, mais bien peu puisque ce n’est que du papier. J’espère que ces deux photos t’enlèveront un peu le cafard.

vincennes

C’est du travail de Loulou lors de la dernière promenade à bicyclette au bois de Vincennes. Je les charge de te couvrir de baisers et de te dire mille gentilles choses pour moi. Je voudrais être à leur place puisqu’elles vont avoir le bonheur de te voir et peut-être d’être effleurées par tes lèvres. Ah ! Si je pouvais tenir dans une lettre comme je ferais le voyage Avord-Paris souvent !!!

Malheureusement je pèse un peu trop lourd pour passer par la poste.

En espérant que ces deux photos vont te faire passer un bon moment, je t’envoie mon petit chéri mille tendresses de celle qui t’adore,

Germaine

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