Un vaste petit trou

Le 3 Septembre 1916

Mon petit Loulou chéri,

Comme je l’espérai hier, j’ai eu de tes nouvelles aujourd’hui. J’ai été même gâtée : une lettre au courrier de 8 heures et une autre à celui de 10 heures.

En effet, d’après ce que tu dis, ce n’est plus la petite vie tranquille du Crotoy. Qu’est-ce que doit-être le patelin si tu le trouves moins drôle que le Crotoy. Ça doit être un vaste petit trou. Enfin, si tu n’y restes pas longtemps, il faut espérer qu’à Cazaux tu seras mieux.

Je suis peut-être une petite égoïste, mais je trouve que ce centre m’est assez sympathique puisqu’il donne tout de même des permissions. Ne trouves-tu pas ? Moi, je ne vois de bien que ce qui m’intéresse.

autographe avion

Il me semble que tu as voulu me faire enrager. Tu termines ta lettre en disant que tu espères que je pense toujours à mon petit Loulou… Tu n’as pas besoin d’espérer, tu sais bien que j’y pense tout le temps. Il ne s’écoule pas une minute sans qu’il y ait une de mes pensées qui s’envole vers toi. Aussi je crois que tu as voulu me taquiner ?

Tu sais, hier, je n’ai fait que des bêtises à bicyclette. En voulant regarder un coucou, je me suis accrochée dans la bécane de Loulou et j’ai été ramasser la bûche. Tu penses si on s’est moqué de moi. Enfin, j’en suis quitte qu’avec le pouce droit tordu. Ça je m’en doutais !!!

Tantôt je vais à Juvisy, aussi je vais te quitter car il est midi et mon train est à 1h55. Je préfère prendre le chemin de fer à ma bicyclette, il m’arriverait certainement encore une aventure.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loulou adoré, mes baisers les plus tendres.

Celle qui pense sans cesse à toi et qui t’adore,

Germaine

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