Un peu trop triste

Le 17 Septembre 1916

Mon petit chéri,

J’ai reçu tout à l’heure ta gentille lettre du 16. Tu m’excuseras mais hier, je ne t’ai pas écrit. J’avais une crise de cafard, aussi il était préférable de m’abstenir. Aujourd’hui, c’est complètement passé, surtout depuis le reçu de ta lettre. Il y a des jours où l’on voit tout en noir. Hier, c’étais un jour comme ça. Heureusement que les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

Mon pauvre chéri, c’est désespérant que tu n’aies pas encore de réponse. Puisque tu ne fais rien, on devrait t’envoyer en permission. Au moins, ce ne serait pas du temps perdu. Ne trouve-tu pas mon chéri que j’ai raison ?

Mon rêve a eu l’air de t’intéresser. Je vais t’en conter un que j’ai fait dernièrement qui était stupide au dernier point. J’étais fiancée, mais pas avec toi et je devais me marier bientôt. Mais c’était toi seul que j’aimais, aussi dans ce rêve, j’étais très malheureuse, surtout que tu me conseillais ce mariage. Vois d’ici si c’était bête. Je me demande où j’ai été chercher pareille chose.

Pendant que je faisais ce rêve idiot, mon pauvre chéri se gelait dans son poste de police. Vraiment, ce n’est pas juste !!!

Je crois que maintenant je vais aller tous les jeudis en matinée. Cette bonne Marie-Louise veut que je me distrais un peu. Aussi je ne demande pas mieux. Je ne sais si je t’ai dit que j’avais vu les Oberlé. C’est superbe cette pièce-là, mais un peu trop triste.

J’espère que tu es toujours en bonne santé. Dans cet espoir, je t’envoie mon chéri les plus tendres baisers de ta fiancée qui t’adore,

Germaine

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