Je suis énervée, c’est effrayant

Le 29 Septembre 1916

Mon petit chéri,

J’ai reçu tout à l’heure ta gentille lettre du 28 et je suis désolée d’apprendre que ta permission a été refusée. Cette nouvelle m’a donné le cafard, c’est effrayant. Décidément, nous n’avons pas de chance chaque fois que nous devons nous voir.

Ce matin, j’étais si contente de voir en me réveillant qu’il pleuvait à torrents. Ça n’a pas arrêté depuis ce matin. Pour un vilain temps, c’en est un ! Et dire que tu ne viens pas. Si tu ne viens que la semaine prochaine, cela fera quinze jours. C’est loin d’être les huit jours promis !!! Je sais bien mon pauvre chéri que ce n’est pas de ta faute, mais ça ne fait rien, c’est rageant. Aujourd’hui tout va mal pour moi, ce matin j’ai manqué de m’assommer après la rampe de l’escalier.

IMG_1089
L’escalier du 112 Av Ledru Rollin

Je me suis cognée la tête après le dessous d’un barreau. J’en ai été quitte pour un bon coup et une mèche de cheveux qui est restée après. Ça, je m’en moque, si seulement tu venais. Tantôt je suis énervée, c’est effrayant, aussi mon écriture s’en ressent.

Je vais terminer là ma lettre car j’ai tellement le cafard que je mettrais certainement des bêtises.

29-09-16

J’espère recevoir demain de meilleures nouvelles, sans quoi ça ira mal.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte en t’envoyant les plus doux baisers d’une Germaine désolée,

Germaine

Creative Commons License