Mon cher Crotoy

Le 12 Aout 1916,

Mon petit chéri,

J’ai reçu hier soir ta bonne lettre du 10. Ici comme au Crotoy nous avons eu de l’eau, mais nous nous en sommes guère aperçu, aujourd’hui, il faut encore plus chaud que les jours précédents. C’est encore chez soi que l’on est le mieux, dehors on cuit.

Voici les vacances du 15 Août qui commencent aujourd’hui mais pas pour nous puisque je reste là et que je ne vais pas au Crotoy. Ce qu’il y a de plus drôle, c’est que j’ai les saufs-conduits renouvelés pour ces trois jours. Mais hélas, ils ne serviront pas. Ce matin, j’ai été conduire une dame au train de midi, celui que nous avons pris la dernière fois, je t’assure que j’avais un peu mal au coeur et que je serais bien partie avec elle, mais elle n’allait  qu’à Beauvais. Maintenant, c’est fini, je ne reverrai plus mon cher Crotoy !

J’espère que tu avances toujours et que tes vols sont de plus en plus nombreux.

En attendant de tes nouvelles, je t’embrasse mon petit chéri bien tendrement,

Germaine

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