Le 19 Aout 1916

Mon Loulou aimé,

Comme je te l’ai promis dans mon mot de tantôt, je viens t’écrire plus longuement ce soir.

Figure-toi qu’au moment de partir en bicyclette, nous avons été arrêté par un orage. Loulou me donne le sage conseil d’aller rapporter ma bécane à la maison et de prendre mon ouvrage.

Je suis son conseil et à peine revenue chez elle, le soleil se montre, donc je retourne chercher ma bicyclette. Vois d’ici tout ce manège ! Enfin, à cinq heures moins le quart, nous partions pour le bois où nous avons fait une délicieuse promenade.

Mes allées et venues ont servi à quelque chose. Lorsque je suis rentrée la première fois, j’ai eu le plaisir de trouver ta gentille lettre du 17. Tu me demandes si j’ai le cafard ? Ma foi, mon chéri, pas en ce moment, mais je me rappelle très bien que lorsque je t’ai écrit la lettre dont tu me parles, j’étais sous son empire. Il y a des jours comme ça, aussi il ne faut pas y faire attention.

Ton épreuve à 2000 mètres m’a vraiment effrayée. Que de danger mon Dieu !!! Ça doit être terrible de se voir entouré de nuages ? Moi ça me fait frissonner.

J’espère que ma lettre te trouvera en bonne santé.

Dans cet espoir, je t’envoie mon Loulou adoré mes baisers les plus tendres.

Ta fiancée qui t’aime à la folie,

Germaine