Quelle veinarde !

Le 28 Juillet 1916

Mon petit Loulou chéri,

J’ai reçu hier ta gentille lettre du 26 et à l’instant celle du 27. J’attendais cette dernière pour te répondre afin de savoir si le petit paquet que je t’avais envoyé était arrivé. Je viens d’apprendre que oui, mais avec un jour de retard. Inutile de me remercier si ça t’a fait plaisir, c’est tout ce que je voulais. Tant qu’à savoir si tu le mérites, il faut croire que oui, puisque je te l’ai envoyé.

Mais j’espère qu’à l’avenir, d’ailleurs j’y compte bien, que c’est à un Loulou très sage que j’aurai à faire. Est-ce vrai mon chéri ?

J’ai appris hier tes débuts sur 80. Tu dois être content ?

J’ai reçu ce matin des nouvelles de Marie-Louise qui se prélasse à Cabourg. Quelle veinarde !!!

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Comme je voudrais être à sa place mais au Crotoy. Ici, on est littéralement cuit. Je suis restée toute l’après-midi enfermée, aussi, je suis ce soir légèrement abrutie.

Autre nouvelle, j’ai reçu une carte de Madeleine Blin. Un vague gout de revenez-y, sans doute ! Elle me répond à ma carte du Crotoy. Elle est heureuse de voir que je ne l’oublie pas tout à fait et que je me souvenais tout de même que je l’avais pour amie. C’est un peu sec et ironique.

Moi, ça m’a fait pouffer de rire. Elle me demande de tes nouvelles (simple curiosité sans doute) et me dit qu’elle va partir en vacances à Cayeux d’où elle m’écrira plus longuement. Merci d’avance pour l’épître. Et sa carte se termine là.

J’espère que tu es toujours en bonne santé. Dans cet espoir, je t’envoie mon adoré tous les plus tendres baisers de ta petite,

Germaine

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