On est forcé de rire

Le 8 Juillet 1916

Mon petit chéri,

Je n’ai pas eu de tes nouvelles hier. J’espère en avoir aujourd’hui.

Hier j’ai passé une très bonne journée, j’ai été le tantôt chez Loulou. Il y avait très longtemps qu’elle m’avait promis de me montrer les photos au stéréo prises à Berck. Enfin, hier, j’ai eu le plaisir d’en faire connaissance, ce qui m’a fort intéressé puisque sur plusieurs j’ai reconnu mon petit chéri.

Lucien en vacancesplage petit - annotée

→ Vacances à la mer de la famille Sevette

Tu as légèrement changé depuis cette époque. Ce que tu es drôle sur certaine, on est forcé de rire en les regardant. Ce qu’il y a de malheureux, c’est que de celles où tu es, il y en a très peu. Une dizaine seulement. Nous n’avons pas eu assez de notre après-midi pour les regarder toutes. Nous continuerons un autre jour.

Depuis ce matin, la folie des photos m’a reprise. C’est à peine si je suis restée cinq minutes à table. C’est celle de Dimanche que j’ai été chercher. Comme de bien entendu, les premières ont été voilées, mais ça n’a pas d’importance puisque c’est moi qui avait posé. Les tiennes sont bien, ça me suffit. Une surtout. Il y a une des miennes qui a prise, mais je suis très mal coiffée. Je ne crois pas pouvoir te les envoyer dans cette lettre. Elles ne sont pas encore assez sèches. Avec ça, il pleut, ce n’est pas fait pour m’avancer. J’ai eu beau me dépêcher depuis ce matin, ça n’a servi à rien. Je te les enverrai demain.

J’espère que ta santé est toujours bonne et que le temps te permet de faire de nombreux vols.

Tant qu’à moi, je me porte très bien, malgré que je ne mange plus de morceaux de peau rôtie. Suis-je taquine ? Mais pas tant que toi toujours !

Reçois mon Loulou adoré les baisers les plus doux de ta fiancée qui est folle de toi,

Germaine

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