Prendras-tu le même train ?

Paris, Le 3 Mai 1916

Mon chéri,

Au moment de partir à nouveau te chercher à la gare, je viens de recevoir ta gentille mais triste lettre d’hier. Je m’y attendais un peu, je me doutais que ce serait pas encore pour aujourd’hui. Mon pauvre chéri, ne te désole pas ainsi, c’est rageant, j’en conviens. Mais puisque tu n’es es pas la cause… Si c’est véritablement pour Samedi, il n’y a que trois jours. Il est vrai trois jours sont bien long à attendre, mais puisqu’il n’y a rien à faire, nous sommes obligés de nous résigner. C’est ce que j’essaye de faire depuis hier soir.

Je viens de téléphoner chez toi, afin de prévenir tes parents de ne pas se déranger. Ton père se préparait à partir. Il faut te dire qu’il est 5h moins 10, donc si tu étais venu, je serais déjà partie. Hier, le train est entré en gare à 17h35 exactement, donc il était en retard.

Samedi, prendras-tu le même train ? Je crois que tes achats sont tombés dans l’eau.

En espérant que ma lettre te trouver moins désespéré, je t’envoie mon petit Loulou chéri mille doux baisers de ta petite fiancée,

Germaine

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