Malentendu

Le 29 Mai 1916

Mon Loulou chéri,

J’ai reçu ce matin ta gentille lettre du 27 et ce soir celle du 28. Je suis complètement désolée, car je vois qu’il y a un malentendu entre nous et c’est de ma faute. La lettre que je t’ai écrite l’autre jour n’avait rien de sérieux. Je t’assure franchement que j’étais loin de croire que tu y attacherais tant d’importance. C’est en plaisantant que je l’ai écrite. Je suis doublement désolée, c’est de t’avoir fait presque pleurer, surtout pour une plaisanterie. Pauvre chéri, dire que c’est moi qui suis la cause que tu as passé un mauvais Dimanche. Je ne me le pardonnerai jamais. Tu devais bien savoir que je n’étais pas capable de te dire pareilles choses au sérieux. Tu sais, je suis moqueuse, et tu aurais du penser que je disais cela en riant.

En lisant que je t’avais donné le cafard, je n’ai pu m’empêcher de pleurer, et c’est tout en larmes que je t’écris.

Tu me demandes une explication tout de suite à ce sujet. La voici telle que je voulais te la donner Samedi soir.

Tu me disais que lorsque tu étais près de moi, toutes les belles promesses que tu t’étais faites s’envolaient et que tu te faisais attraper. C’est au sujet de ce mot que je voulais avoir une petite explication.

Est-ce bien vrai que je t’attrape ? Je ne le crois pas. D’ailleurs, je ne l’ai jamais fait, et j’espère ne jamais le faire. Alors pourquoi dis-tu cela ? On pourrait croire que je suis féroce.

29-05-16

C’est pour cela que je te disais en riant que tu ne ferais pas grand chose de moi, j’avais tant de défauts et comme de juste quelqu’un qui est méchant et qui attrape des petits Loulou comme toi, avait des chances de ne plus plaire, mais toujours en riant. Enfin maintenant je serai sérieuse car je n’ai pas envie de te faire de peine, tu sais bien que je t’aime trop pour ça.

Et je ne dirai plus que j’ai peur de ne plus te plaire quand je sais que tu ne cesses de m’adorer. J’espère que le malentendu est réparé et que je suis pardonnée à l’avance, tu es si bon que tu ne peux pas faire autrement que de me l’accorder.

En espérant que ma lettre chassera le mauvais souvenir de l’autre et le vilain cafard, je t’envoie mon Loulou adoré les plus doux baisers de ta petite fiancée qui t’adore pour la vie,

Germaine

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