Je suis une sotte

Paris, Le 13 Mai 1916 – 8h du soir

Mon Loulou chéri,

J’ai reçu tout à l’heure lorsque j’étais en train de dîner deux gentilles lettres de toi. Celles du 10 et 11. Il était temps qu’elles arrivent. J’étais cet après-midi très inquiète. Tu me dis que depuis quelques jours le train qui apporte le courrier a du retard. Il doit en être de même pour celui de Paris. Tes lettres ont mis 2 et 3 jours à venir. C’est un vrai retard. Le train a du rester en panne quelque part. Enfin le principal c’est que tu sois toujours en bonne santé.

13-05-16

Je suis sotte, suffit que je sois sans nouvelle, j’imagine un tas de choses, plus bêtes les unes que les autres.

Je te disais dans ma lettre de cet après-midi que ce retard devait être un oubli de ta part. Tu sais, mon chéri, je n’en pensais pas un mot, car je sais bien que tu es loin d’oublier de m’écrire.

Mais le motif de ce soit-disant retard que je pensais était si peu gai, que je me suis retranchée sur celui écrit précédemment. D’ailleurs, ça me semble très bizarre  maintenant quand je reste 3 jours sans lettre. Je suis tellement gâtée ! Une lettre tous les jours m’apportant les nouvelles de la veille, c’est des nouvelles toutes fraîches tandis qu’aujourd’hui elles sont de deux jours. Enfin, j’espère maintenant que la période des retards, aussi bien pour toi que pour moi, est terminée.

Tu me fais des compliments mon chéri, tu me dis que je suis obéissante. Oui assez. Plus que toi toujours. Enfin, ça me console,  après m’avoir dit que j’étais une petite méchante, tu me reconnais une qualité, c’est une petite compensation !

J’espère que ta santé est toujours bonne et que le temps est devenu meilleur.

En attendant de tes nouvelles, je t’envoie mon chéri, les plus doux baisers de ta petite,

Germaine

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