Je te chine pas mal

Paris, Le 29 Avril 1916

Mon petit chéri,

J’ai reçu hier au soir ta gentille lettre du 27. Enfin, tu es tout de même revenu à la réalité au sujet des dates.

Tu me dis que je te chine pas mal et que je te gronde beaucoup. C’est vrai, mais tu n’as pas l’air d’en faire grand cas. La preuve, je te disais que je te pardonnais, mais à condition que tu sois plus sage. Tu te contentes de me répondre que tu ne promets rien, que tu tâcheras. La réponse n’a rien de précis, c’est même très vague. Il me semble même que dans le fond, tu ne demandes qu’à recommencer, ce qui est très mal ! Il est encore heureux que tu reconnaisses que tu mérites d’être grondé. Je ne suis même pas assez sévère, malgré que tu me trouves si méchante ! Mais je le deviendrai. Le crois-tu au moins ?

Tu me dis que tu es désolé que j’ai pris une bûche en bicyclette et surtout de ne pas avoir été là pour me ramasser. Il y a des chances que si tu avais été près de moi, je n’aurais pas été faire un voyage dans la lune, donc tu n’aurais pas eu de mal à me ramasser.

Je suis heureuse de te savoir toujours en bonne santé, car malgré tout, je m’en serais voulu de t’avoir rendu malade.

Je voudrais bien être à ce soir pour recevoir ta lettre me fixant le jour de ton arrivée. J’aime mieux Lundi que Mardi, cela fait un jour de moins à attendre.

En attendant ta bonne lettre et en attendant le bonheur d’être à nouveau près de toi, je t’envoie mon Loulou chéri, les baisers bien doux de ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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