Des anglais au Crotoy

Paris, Le 3 Avril 1916

Mon chéri,

J’espérais recevoir une lettre de toi ce matin, mais je n’ai rien eu. Je n’y compte pas beaucoup car je sais que tu n’es arrivé qu’hier matin. J’espère que tu as fait bon voyage et que tu n’es pas trop fatigué.

S’il fait aussi beau au Crotoy qu’ici, tu dois être vraiment bien. Ici on étouffe. Ce beau soleil me donne des idées de vacances. Tâche de savoir si on peut aller te voir ? S’il est possible, j’ai un petit projet en tête, qui, je suis sûre, serait loin de te déplaire. Mais pour qu’il réussisse, il faudrait pouvoir y aller, et en plus de ça, que mon père approuve mes combinaisons. S’il n’y avait que ça, je m’en arrangerai bien.

Il parait qu’il y a des anglais au Crotoy. Est-ce vrai ? On m’a dit qu’ils n’étaient pas très commodes, et qu’ils n’aimaient pas qu’on les dérange.

Je ne sais pas si ma lettre te parviendra car j’ai peur que l’adresse soit un peu quelconque.

En attendant une bonne lettre me donnant une adresse complète, je termine en t’envoyant mon petit chéri, mes plus doux baisers.

Celle qui t’adore,

Germaine

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