Un de tes plus grands désirs

Le 5 Avril 1916

Mon petit Loulou chéri,

J’ai reçu tout à l’heure ta gentille lettre du 4 qui m’a fait grand plaisir de savoir qu’il était possible d’aller te voir. Le contraire m’aurait étonné. J’ai été me renseigner à la gare du Nord et l’on m’a dit qu’un sauf-conduit suffisait, mais qu’arrivé à Amiens, il fallait faire diverses démarches. Mais on peut malgré tout y aller facilement.

Donc si tu ne viens pas en permission pour Pâques, je pense que mon projet réussira. J’en ai parlé à mon père, il marche assez dans mes combinaisons, mais la question de me laisser seule n’a pas l’air de le charmer. Enfin, d’ici-là, on verra ! D’ailleurs, si tu viens en permission, on pourra s’expliquer. Pour quel dimanche comptes-tu venir ?

Tu me dis que tu ne voudrais pas que je m’attire des désagréments pour toi. Ne te fais pas de mauvais sang mon petit chéri, je sais bien m’arranger. D’ailleurs, quand il est question de toi et d’aller te voir, je deviens ingénieuse.

05-04-16

Je suis très contente que tu n’aies pas encore commencé ton apprentissage, malgré que j’aie une une grande confiance en toi, je ne suis pas très tranquille.

Tu me disais l’autre jour qu’être aviateur était un de tes plus grands désirs. Moi, j’aurai préféré à la place qu’un autre désir (celui-là alors très doux) soit exaucé. Là, je n’aurais eu aucune inquiétude. Pour celui-là, je crois que nous avons encore du temps à attendre !!! Enfin, l’on dit : Tout vient à point à qui sait attendre. Sachons attendre avec patience.

En espérant que ce mot te trouvera en bonne santé, je termine mon petit chéri en t’envoyant mes plus doux baisers.

Celle qui pense bien à toi,

Germaine

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