Souvenirs de Dijon

Paris, Le 21 Mars 1916

Mon petit Loulou chéri

Nous sommes rentrés à bon port à Paris avec une demie heure de retard. En arrivant à la maison, nous avons trouvé ton père qui nous attendait. Je lui ai fait toutes les commissions que tu m’avais indiqué, je n’ai surtout pas oublié celle qui m’intéresse le plus. Il m’a répondu qu’il allait s’en occuper aujourd’hui même. Quelle est la personne dont tu m’as parlé, que ton père connaissait ? Je ne me souviens plus du nom. J’en ai parlé à ton père, il ne sait pas qui tu veux dire. C’est pour cela que je te le demande.

Hier matin, avant de partir de Dijon, nous avons été à Citeaux voir l’abbaye. Nous avons passé devant le centre. J’avais bien envie de te faire demander pour te voir encore une fois, mais j’ai eu peur de t’occasionner des ennuis. Nous sommes restés au moins un quart d’heure sur la route à regarder le départ de plusieurs avions. Comme j’ai de bons yeux, j’ai aperçu près des hangars trois avions et près de ces avions, un groupe bleu horizon. J’ai pensé que tu devais être là. Il était 9h1/2 à peu près.

hangars

Tant qu’à notre promenade à Citeaux, ça ne valait pas la peine de se déranger, c’est tout ce qu’il y a de toc comme abbaye. C’est quelques murs qui tombent en ruines.

citeaux

Je n’en dis pas autant de mon voyage à Dijon duquel j’ai gardé un très bon souvenir. La seule chose que je lui reproche, c’est qu’il n’a pas duré assez longtemps et que je n’ai pas été assez souvent seule avec toi. Comme je n’avais pas à choisir, je m’en contente pour l’instant.

J’espère que tu es toujours en bonne santé. En attendant le plaisir de te revoir, qui j’espère sera pour bientôt, je t’envoie mon petit Loulou chéri mes plus doux baisers.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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