Un n’amour

Paris, Le 26 Février 1916

Mon Loulou adoré,

Quel plaisir j’ai eu ce matin en recevant ta gentille lettre du 22. Quelle heureuse surprise de voir 6 grandes pages écrites par mon Loulou chéri. Je suis toute joyeuse. C’est gentil d’être venu bavarder ainsi avec moi. Tu es un “n’amour”. C’est malheureux que tu ne sois pas souvent au repos, tu pourrais m’écrire toujours aussi longuement.

Ta lettre était délicieuse depuis le commencement jusqu’à la fin. Mais la fin était encore plus délicieuse que le commencement. Malheureusement, toutes les bonnes choses que tu m’envoies ne sont que sur papier, j’aime mieux les recevoir nature. Je crois que pour le moment, j’ai encore longtemps à me contenter de les recevoir que sur papier.

Tu me dis que le temps perdu ne se rattrape jamais. C’est vrai, tu as raison ! Espérons que nous ferrons mentir ce proverbe et que plus tard, nous rattraperons le temps perdu. N’est-ce pas mon chéri ? Nous l’aurons bien mérité ! Quand à avoir qu’une toute petite place à côté de toi, cela me suffirait, car cette toute petite place serait délicieuse, puisque je serais près de toi et dans tes bras. C’est là la place dont je rêve à chaque instant. Je suis si bien près de toi.

Tu me dis que nous n’avons pas à nous plaindre pour les permissions. Ça ne fait rien, c’est un peu long à attendre, cinq mois pour se revoir. Et pour quoi ? Juste rester 6 jours ensemble. Quand est-ce que ce sera pour toujours ???

J’espère que je me suis trompée et que tu n’es pas parti à l’endroit où l’on se bat tant en ce moment. J’espère que tu es toujours au repos. Quand tu auras encore beaucoup de temps à toi, pense à me faire encore la bonne surprise que tu m’as faite ce matin.

En espérant que mon babillage te trouvera en excellente santé, je t’envoie mon Loulou tant aimé, les baisers bien doux et bien tendres de ta petite fiancée qui est toujours si heureuse de t’adorer,

Germaine

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