Boules de neige

Paris,  Le 25 Février 1916

Mon petit Loulou chéri,

Ce matin, j’ai été bien surprise en me réveillant de voir Paris couvert de neige. Jamais je n’en ai vu autant ! Ma première pensée a été pour toi, mon pauvre petit chéri. Comme tu dois être malheureux par un si vilain temps. En plus de ça, je sais que tu es en déplacement et peut-être as-tu été obligé de faire une longue marche sous la neige ? Quand est-ce que tout ça sera fini ? Quand est-ce que je n’aurai plus à souffrir en pensant que tu es exposé à tous ces intempéries, pendant que moi, je suis à l’abri ?

La neige a continué à tomber toute la journée. La circulation des voitures a été complètement interrompue. quelle triste journée. Le seul amusement que j’ai eu, c’est de faire des boules de neige et de les lancer à une jeune fille qui est ma voisine. Nous nous bombardions dans la cour par nos fenêtres. Ce soir, ma chambre est comme un lac. Toutes les boules de mon adversaire qui ne m’ont pas atteint ont été s’écraser sur le parquet, et ont fondu. C’est un joli gâchis. J’ai tellement eu froid aux mains, que je ne suis pas arrivée à me réchauffer et c’est à peine si je peux tenir mon porte-plume. Je suis folle des massacres aux boules de neige. C’est malheureux qu’il n’en tombe pas souvent à Paris.

lejournal-26-02-16

J’espère mon petit chéri que malgré ce vilain temps, ta santé est toujours bonne et j’espère aussi recevoir bientôt de tes nouvelles, ce je voudrais bien savoir où t’a conduit ce déplacement.

Dans cet attente, reçois mon mignon chéri, mille tendres baisers,

Germaine

 

 

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