Accoutrement des voisins

Paris, Le 2 Février 1916

Mon petit chéri,

Je viens de recevoir ta gentille lettre du 31 qui m’a fait grand plaisir. Comme je vois, tu es au courant du passage des zeppelins à Paris. Tu ne t’es pas trompé, c’est bien près de chez toi qu’ils ont dirigé leurs pas. Nous recommençons à nous habituer à leurs visites. Nous les attendons encore. Mais je souhaite fort qu’à la prochaine occasion, il ne prenne pas fantaisie à mon père de me faire redescendre, car vraiment, il ne fait pas très chaud sur les marches de l’escalier. Et cette petite ballade dans l’obscurité est loin de me plaire ! On y attrape des courants d’air et c’est tout.

La visite des zeppelins a son côté comique ! Lorsqu’on entend l’alarme, c’est une vraie dégringolade dans l’escalier. Tous les locataires se réfugient chez la concierge. Alors ce qu’il y a d’amusant, c’est de voir l’accoutrement de chacun. Il y en a qui sont à peine habillés, pas chaussés, d’autres au contraire ont chapeau sur la tête, même des gants et plus souvent un énorme sac à la main. Ils ont tout des réfugiés et des gens qui partent en voyage.

Moi, rien que ça, ça m’amuse énormément. Une vrai scène de cinéma !

Tes parents ont du t’en raconter aussi. surtout qu’eux étaient en somme aux premières loges.

Font-ils causer d’eux ces maudits zeppelins !

J’espère que tu es toujours en bonne santé, dans cet espoir, et dans l’attente de tes nouvelles, reçois mon chéri les plus doux baisers de celle qui t’aime bien tendrement,

Germaine

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