Correspondance interrompue

Paris, Le 29 Février 1916

Mon cher petit Loulou,

Ce soir, j’étais toute joyeuse en recevant une lettre car je croyais qu’elle venait de toi, mais en la voyant de près, j’ai été toute déconfite, elle était de Marie-Louise. Malgré tout, je ne me plains pas, car la dernière que j’ai reçu n’est que d’avant hier. En ce moment, je m’attends à en être privée, car le coup qui se donne près d’où tu te trouves a du interrompre la correspondance.

Cet après-midi, j’ai eu l’agréable visite de ta soeur. Nous avons passé une très bonne journée à bavarder. Elle craignait que tu sois en pleine bataille. Je l’ai un peu rassurée en lui disant que je venais de recevoir une lettre dans laquelle tu me disais être remonté en ligne au même endroit. Malgré tout, dans le fond, je ne suis pas rassurée plus que ça, surtout en voyant le communiqué de ce soir. Un village voisin de mon pays d’enfance vient d’être pris et repris et je sais que tu es tout près.

Enfin, j’espère que tu es plus bas et que je recevrais bientôt une lettre me disant que tu es toujours en bonne santé.

Dans cette attente, reçois, petit chéri, les meilleurs baisers de celle qui pense bien à toi,

Germaine

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