Tu es trop gentil pour recevoir des coups

Paris, Le 11 Février 1916

Petit Chéri,

J’ai reçu ce soir tes deux gentilles lettres du 8 et 9. Une à 6 heures et l’autre lorsqu’on était à table.

Je me demande avec quelle permission tu t’es donné des coups ? Ce n’est toujours pas avec la mienne. En tout cas, je te défends de recommencer, surtout pour si peu de chose. Tu me demandes pardon d’avoir oublié de me dire que tu avais reçu une de mes lettres. Tu m’as fait éclaté de rire. Pardon pour cela ! Tu es amusant.

Tu me dis aussi “où avais-je la tête ?” Ce n’est toujours pas près de la mienne, malheureusement !!! C’est à dire qu’en voyant la photo, tu as du oublier de me répondre. Ce n’est pas bien grave. Et ça ne valait pas des coups. Tu es trop gentil pour en recevoir. Tu mérites que je t’embrasse pour la peine. J’espère au moins que tu ne t’es pas trop fait mal ?

Tu me demandes si j’ai vu la photo où tu es seul ? Non, en épreuve seulement. Elles étaient très bien. Tes parents ne m’ont rien donné pour la bonne raison que je n’ai pas été les voir Lundi dernier. Etant sortie de chez le dentiste à 3 heures passées. J’ai trouvé qu’il était un peu tard pour me rendre chez toi. J’irai Lundi prochain. Je trouve drôle qu’ils ne t’aient rien envoyé. Ton père doit les avoir depuis le 2. A moins qu’il n’ait pas eu le temps d’aller les chercher.

J’espère que tu es toujours en bonne santé, avec pas trop de vilain temps.

A la maison, la santé est meilleure. Mon père est retourné à son bureau. Tant qu’à moi, mon mal de dents est tout de même passé, c’est pas trop tôt, près de quinze jours.

En attendant le plaisir de te lire, je t’envoie mon aimé, tous les plus doux baisers de ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

 

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