Paris, Le 10 Février 1916

Mon petit Loulou chéri,

J’ai enfin reçu ce matin de tes nouvelles. Voici trois jours entier que je n’avais rien eu. Je t’assure qu’ils ont parus bien long. J’étais très inquiète, j’ai eu hier un cafard épouvantable. Je n’ai même pas eu le courage de prendre la plume pour t’écrire. Ajoute à cela mon père malade. Il a été toute la journée au lit. Une nouvelle crise au foie lui a pris dans la nuit. Il a été abattu en un rien de temps. Il était hier d’une faiblesse extrême. Plus mal encore que cet été. Enfin, aujourd’hui , la crise est passée, mais il est encore bien fatigué. Tu penses dans quelles inquiétudes j’ai été. Je ne savais où donner de la tête.

En plus de cela, pas de nouvelle de toi, où j’en aurais eu tant besoin.

Enfin, aujourd’hui la journée a été meilleure. Deux lettres de toi pour commencer et la santé de mon père s’est un peu améliorée. Tes lettres sont celles du 5 et du 7. L’autre jour, j’ai reçu une lettre qui n’avait qu’un jour de voyage. Comme tu vois, cette fois-ci, il y en a une qui a mis 5 jours. Ce qui fait voir combien le service postal est régulier !

Tu me dis que tu as du vilain temps. Ici, nous ne sommes guère favorisés non plus. Hier, nous avons eu de la neige.

J’ai eu aujourd’hui la visite de Madeleine. Elle venait d’assister à une messe de mariage d’une de ses amies. Aussi, elle était un peu énervée. Elle n’a fait que de causer sans s’arrêter une minute. Si bien que ne connaissant pas la jeune fille qui se marie, je suis maintenant renseignée sur les tenants et les aboutissants de toute sa famille.

Je connais aussi le nombre de personne qui assistait au mariage ainsi que la variété des toilettes. Il me semble qu’il y a au moins 10 ans que je connais cette jeune fille rien qu’à en entendre parler. Enfin, cela m’a distrait et amusé. Il faut bien prendre son parti avec Madeleine.

J’espère que tu es toujours en bonne santé.

Dans cet espoir, je t’envoie mon petit Loulou chéri, les meilleurs baisers de ta fiancée qui t’adore,

Germaine