Paris, Le 20 Janvier 1916

Mon cher petit Loulou,

J’ai reçu ce soir ta gentille lettre du 18. Une lettre de toi presque tous les jours depuis que tu es parti. Tu penses si je suis heureuse.

Madeleine était justement à la maison lorsque je l’ai reçu. Aussi à ma mine joyeuse, elle a tout de suite deviné qu’elle venait de toi.

Toute la journée elle n’a fait que me répéter : “Tu viendras à Cayeux cet été ? Viens revoir ton Cayeux. Tu verras, nous nous amuserons bien”. J’en ai mal à la tête. Par moment, elle est légèrement crampon. Comme si je savais ce que je ferai dans six mois ! J’ai bien d’autres soucis. D’ailleurs j’aurai trop peur qu’il m’arrive le même tour que cet été. Merci de l’occasion, je ne tiens pas à rater tes permissions. N’es-tu pas de mon avis ? Maintenant j’espère te revoir pour le mois de Juillet, même avant. Tu vois, je ne désespère pas !

J’espère que tu es maintenant en parfaite santé.

Dans cet espoir et dans l’attente de tes bonnes nouvelles, reçois mon Loulou adoré, les plus doux baisers de ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine