Notre rideau

Paris, Le 15 Janvier 1916

Petit Loulou chéri,

J’ai reçu cet après-midi ta gentille lettre du 13. Deux jours à me parvenir ! Mais c’est la première fois que cela arrive. Je ne m’en plains pas, c’est si rare. J’ai presque des nouvelles fraîches.

Il me semble que le temps vous en veut, pour être si vilain. Ici il fait assez beau.

Figure-toi que dans ta lettre, tu me parles de mes abats-jours. Lorsque je l’ai reçu, j’étais justement avec la dame auquel le rouge était destiné, aussi, je n’ai pu m’empêcher de rire. Console-toi, ils sont terminés depuis longtemps et même donnés et je n’ai pas eu avec eux de scène de jalousie à ton sujet. Il ne manquerait plus que ça !!! Ils ont été en permissions eux aussi, voilà tout.

Maintenant, je suis en train de travailler à “notre rideau” (comme tu dis). Je dis “notre”, parce qu’il est pour nous deux.

Tu m’as bien fait rire en me demandant si la blanchisseuse était venue. Elle est venue après le déjeuner, avant que tu viennes me chercher pour te reconduire. Je te l’avais dit. Si j’avais su, je n’aurais pas perdu mon temps…

En espérant que mon petit mot te trouvera bien portant, je termine mon petit chéri en t’envoyant mes plus doux baisers.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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